Publié le 10 octobre 2025, le rapport de l’Union européenne Culture and Health: Time to Act marque une étape décisive : pour la première fois, la Commission consacre officiellement le rôle des arts comme outil de santé publique. Ce document met en lumière le modèle pionnier « Arts on Prescription » développé dans la région de la mer Baltique, aujourd’hui considéré comme une référence européenne.
Un concept simple, mais révolutionnaire : prescrire de l’art comme on prescrit une marche ou une cure
Le principe d’Arts on Prescription (AoP) est d’une simplicité désarmante : permettre à un médecin, un psychologue ou un travailleur social d’orienter une personne souffrant de dépression légère, d’anxiété, d’isolement ou de burn-out vers un atelier artistique (chant, peinture, écriture, théâtre, danse, etc.), encadré par un artiste-formateur.
Le dispositif, initié dans les pays nordiques (Suède, Finlande, Danemark, Allemagne du Nord), s’inspire des politiques de social prescribing britanniques. L’idée : agir sur la santé mentale et sociale par la participation culturelle, en complément ou en alternative à la prise en charge médicamenteuse.
Des résultats déjà mesurés dans la région baltique
Selon le rapport coordonné par le programme Interreg Baltic Sea Region, les premiers programmes pilotes ont produit des résultats très encourageants :
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Amélioration du bien-être psychologique et de la perception de soi ;
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Réduction du sentiment d’isolement social, particulièrement chez les seniors et les personnes en reconversion professionnelle ;
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Renforcement du sentiment d’appartenance et de confiance en soi ;
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Réduction de la consommation d’anxiolytiques dans certains territoires test.
Ces effets ont été observés dans plus de 300 ateliers menés entre 2023 et 2025, regroupant à ce jour plus de 1 500 participants.
Les auteurs du rapport soulignent que ces interventions « ont un impact documenté sur la santé mentale comparable à celui d’un traitement de première intention léger ». Autrement dit, l’art soigne — scientifiquement.
De la Baltique à Bruxelles : un mouvement européen en marche
Fort de ces succès, la Commission européenne appelle désormais les États membres à intégrer la culture dans leurs politiques de santé. Le rapport Time to Act recommande trois mesures clés :
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Institutionnaliser la prescription culturelle au sein des systèmes de santé nationaux ;
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Former les professionnels de santé à la collaboration avec les artistes et structures culturelles ;
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Créer un réseau européen de recherche pour évaluer les impacts des pratiques artistiques sur la santé, à la manière des essais cliniques.
Plusieurs pays ont déjà répondu présent :
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Finlande et Suède ont intégré des budgets “Arts & Well-Being” dans leurs plans de santé publique ;
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Irlande finance des projets d’art communautaire en santé mentale ;
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France développe des labels Culture et Santé via les ARS ;
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Suisse expérimente depuis mars 2025 la prescription médicale de visites de musées.
L’Europe entière semble converger vers une même conviction : la culture n’est pas un luxe, mais une composante de la santé globale.
Vers une nouvelle économie du soin : l’art comme prévention active
Au-delà de la santé mentale, le rapport plaide pour une vision préventive : « L’accès à la culture favorise la résilience, réduit le stress chronique et améliore les interactions sociales », écrit l’équipe d’Interreg.
Des chercheurs associés à l’OMS Europe confirment que chaque euro investi dans la culture peut produire jusqu’à trois euros d’économies en coûts de santé sur le long terme (absentéisme, médication, hospitalisations évitées).
L’art devient donc une stratégie d’investissement social — un pilier d’une médecine du lien et du sens, à la croisée de la santé, de l’éducation et du développement durable.
Un changement de paradigme
L’enjeu n’est plus de prouver que l’art agit, mais d’intégrer ces pratiques dans les structures. Cela suppose de repenser la place de l’artiste : non plus comme intervenant ponctuel, mais comme acteur de santé publique à part entière.
Des hôpitaux comme ceux de Malmö, Hambourg ou Helsinki ont déjà intégré des résidences artistiques permanentes, tandis qu’en France, certaines ARS financent des projets d’art-thérapie via les crédits de prévention santé.
Ces mutations annoncent une Europe où l’on pourrait, demain, recevoir une ordonnance portant la mention :
« Deux ateliers de peinture par semaine, et une visite de musée par mois. À renouveler sans modération. »
Conclusion : de la prescription à la culture du soin
L’art sur ordonnance ne se résume pas à une tendance nordique : il s’impose comme une nouvelle éthique du soin, où l’humain retrouve sa place au cœur du système. L’UE, en plaçant la culture au rang des déterminants de santé, envoie un message fort : soigner, c’est aussi nourrir l’âme.
Les prochaines étapes seront cruciales : mise en place d’un réseau européen de recherche, harmonisation des pratiques, et extension progressive du modèle à tous les pays membres.
Et si l’avenir de la santé publique passait, enfin, par un pinceau, une chanson, ou un mot juste ?
L’art qui soigne, l’art qui apaise, c’est l’Atelier des 5 Sens®.
